Harriet Brooks Pitcher est la première physicienne nucléaire canadienne. Malgré plusieurs contributions importantes au domaine de la radiation, sa carrière, qui aurait pu être spectaculaire, s’est terminée abruptement à cause de pressions sociales. Elle a collaboré avec plusieurs personnes importantes dans le domaine, dont Sir Ernest Rutherford, J.J. Thomson et Marie Curie. Malheureusement, ses contributions n’ont pas été comprises et reconnues près d’un siècle après qu’elle ait travaillé dans le domaine.
Harriet Brooks Pitcher est née le 2 juillet 1867 à Exeter en Ontario. Elle est la troisième enfant dans une famille de huit. De sa famille, seulement Harriet et sa sœur Elizabeth ont poursuivi des études universitaires, les deux étant très fortes en mathématiques. Harriet est entrée à l’université McGill en 1894, seulement six ans après que McGill ait diplômé sa première étudiante.
Brooks était une étudiante exemplaire et a reçu son baccalauréat en mathématiques avec honneurs. La même année, Ernest Rutherford, qui fut plus tard chevalier Sir Ernest Rutherford, est arrivé à McGill et Brooks a été recruté comme sa première étudiante diplômée, complétant sa thèse de maitrise en 1901. Plus tard, elle est devenue une membre importante de son équipe de recherche.
Sa recherche visait le radium et, avec Lord Rutherford, elle a publié quelques articles pour les Mémoires et Délibérations de la Société Royale du Canada ainsi que pour le Philosophical Magazine. Elle a travaillé avec J.J. Thomson au laboratoire Cavendish de l’université de Cambridge et, malgré le fait qu’elle y a bien travaillé durant son séjour, son progrès et ses découvertes ont été ignorés par Thomson, qui était trop concentré sur sa propre recherche.
Elle est retournée au collège Royale Victorien, où elle travaillait avant son séjour à Cambridge, dans l’équipe de Sir Rutherford pour deux ans avant de déménager au Collège Bernard en 1905 où elle a commencé à enseigner des cours de physique. Sa vie a été calme jusqu’à ses fiançailles à un professeur de physique de l’université de Columbia; le doyen du collège l’a prévenue qu’elle devrait quitter son poste une fois mariée. Une chicane s’en est suivie puisque Brooks croyait que c’était son devoir (envers sa carrière et son sexe) de continuer le travail après être mariée. Malgré le fait que Brooks était soutenue par plusieurs membres du collège, dont la tête du département de physique du collège Bernard, Margaret Maltby, le Doyen Gill a refusé d’accepter une femme mariée comme employée, citant le point de vue des curateurs qu’il était impossible d’être à la fois mariée et une académique accomplie. Brooks a rompu ses fiançailles et a accepté de rester à Bernard.
Un an plus tard, pendant une visite à Capri en Italie, elle a fait la connaissance de Marie Curie, et on a bientôt pu la trouver à Paris, travaillant dans l’équipe de recherche de Madame Curie. Même si le travail qu’elle y ait fait n’ait pas été publié en son nom, elle a été citée plusieurs fois dans des articles publiés par l’institut Curie.
Pour des raisons qui ne sont pas connues, elle a mis fin à sa carrière de recherche et a épousé Frank Pitcher en 1907, donnant naissance à trois enfants dans les années suivantes. Elle est restée active dans les organisations pour les femmes universitaires, mais a semblé perdre intérêt dans le domaine de la physique. Elle est décédée le 17 avril 1933, en raison d’une maladie qui a probablement été causée par ses années de proximité avec des éléments radioactifs. Lord Rutherford a écrit une nécrologie rayonnante, citant les nombreux exploits de son ancienne collègue de recherche.
Ce n’est pas avec les années 1980 que l’importance de la recherche de Harriet Brooks Pitcher ait été reconnue pour ce qu’elle était : la base de la science nucléaire moderne. Elle est la première scientifique à démontrer que la substance qui émettait la radiation du thorium est un gaz. Pendant sa brève carrière, elle a aussi fait des recherches essentielles au sujet d’éléments comme le radon et l’actinium. Sa contribution la plus importante est sans doute l’identification des nombreux taux de désintégration qui prenait place en séquence, commençant avec le radium, l’uranium et le thorium. Harriet Brooks Pitcher est reconnue comme beaucoup plus qu’une chercheuse douée, plusieurs croient que, si elle avait poursuivi sa carrière, elle aurait pu devenir aussi importante que Marie Curie.
Sources:
https://en.wikipedia.org/wiki/Harriet_Brooks
http://www.science.ca/scientists/scientistprofile.php?pID=131#person
Image source: Wm. Notman & Son. © McCord Museum. Taken from http://collections.musee-mccord.qc.ca/en/collection/artifacts/II-123880